Voici l'interview de l'auteur:
1/ Je vois dans ton profil
thèsard - doctorant en biologie marine - travail sur le fleuve Amazone
Donc, les poissons, c'est ta passion et ton métier?
Alors, oui effectivement.
Très petit déjà j’ai eu de l’intérêt pour la nature. A 6 ans, je commençais avec mon premier aquarium, un 60L, qui fut malheureusement une catastrophe. Cette expérience a été suivie par l’installation d’un bassin quelques années plus tard. A l‘heure actuelle il est toujours en eau, avec cette année une reproduction de mes poissons rouges.
Puis ayant grandi au bord de mer, j’ai commencé à m’intéresser à la plongée sous marine, et avec la biologie, le lien fut assez facile à faire.
Il y a maintenant près de 2 ans, je commence enfin à concilier passion et travail lors de mon stage de Master 2 où j’installe 9 bassins de près de 500L chacun dans lesquels j’ai maintenu une espèce de méduse Cassiopée dont la particularité est de vivre posée à l’envers sur le fond avec les tentacules exposées au soleil car elles maintiennent des zooxanthelles comme les coraux. Cette expérience fut ma première contribution scientifique publiée en 2009 dans Journal of experimental marine biology and ecology.
Désormais je travail sur le projet CARBAMA dans le cadre de ma thèse, le but du projet est d’établir le budget en carbone du fleuve Amazone et plaines inondées, et dans ce cadre mon travail consiste à déterminer les sources de matière organique (macrophytes, plancton,…) et d’en extraire des informations concernant les zones clés de production primaire, de comprendre les processus de dégradation de la matière organique et transfert dans le système. J’ai donc eu l’occasion de me rendre sur place à deux reprise et j’y retourne cet été. Ceci explique pourquoi je me suis lancé dans un biotope Amazonien pour ce bac.
2/Ton bac est un Amazonien, tu fais des expérimentations spéciales pour ton travail? Tu as des trucs et astuces particuliers pour ce biotope?
Pas d’expériences dans mon bac pour le travail, je laisse vivre mes poissons et mes plantes paisiblement. Pour ce biotope, je n’ai pas d’astuces particulière. Toutefois, j’utilise qu’en l’occasion se présente des feuilles de cattapa (d’ailleurs j’essaye en ce moment d’avoir mon propre arbre), des fruits d’aulne, et écorce de bouleau en attendant d’essayer la tourbe, le tout pour acidifier mon eau. Concernant l’engrais, j’utilise du Truffaut reverdissant anti-chlorose uniquement.
3/Au niveau technique, quels sont les caractéristiques de ton bac?
Concernant mon bac, je n’utilise pas de substrat mais un mélange de sable de Loire et de quartz noir (2/3 – 1/3). Mon éclairage et composé de 2x30W en biolux osram et 1x30W en Lexman 4200K. J’utilise une filtration externe Eheim 2226 pro 2, avec un petit filtre interne de 200L / H supplémentaire en attendant d’acheter une pompe de brassage (probablement une NeWave 1000). J’utilise une production de CO2 artisanale à gel avec une cloche de 30cm².
4/Tu maintiens des espèces spéciales: Apisto et Lori, tu peux nous en parler un peu?
Je suis plutôt novice dans le maintiens des Apisto, mais je me passionne de plus en plus pour ces espèces au comportement très intéressant. J’ai actuellement un mâle agassizii à la recherche d’une femelle, et 6 juvéniles de pulchra que j’ai obtenu auprès de MD. Quelques intimidations entre les mâles de ces deux espèces, mais mon mâle agassizii occupe le milieu de la colonne d’eau alors que les pulchra vivent chez moi au ras du sol, donc les rencontres sont peu fréquentes.
J’ai obtenu mes Lori lors de l’achat de ma population au près d’un particulier. Ce sont des poissons assez timides de jour dans mon bac, mais sortent avant l’extinction des feux pour commencer à labourer mon sol afin de créer de nouvelles cachettes sous les rochers. Je suis assez impressionné par la robustesse et la solidité de ces poissons. J’ai eu en effet l’occasion de travailler sur certaines espèces de très grosse taille en Amazonie Pterygoplichthys multiradiatus en particulier, ces poissons créent de véritables cavernes dans les berges, et lorsqu’il s’agit de s’y attaquer pour les disséquer (eh oui ça passe par là aussi la science)… le terme attaquer n’est pas choisit au hasard.
5/ C'est ton seul bac? tu n'as pas des envies de faire des spécifiques pour tes espèces "pointues" ou un grand amazonien avec Discus ou même du marin? peut-être pour plus tard.
Actuellement j’ai également un 60L en spécifique avec un couple de ramirezi à mon bureau.
Je prévoit par la suite (après la thèse) de m’installer un grand amazonien d’au moins 1 à 2m3 sans discus, eh oui je ne suis pas particulièrement fan…, je préfère de loin les scalaires. J’ai eu l’occasion de voir du sauvage de ces deux espèces capturé malheureusement dans un de nos filets, et la beauté du scalaires dépasse de loin celle du discus (je peux fournir des photos).
Sinon je réfléchit actuellement à la possibilité d’un récifal dans un bac de 200 L en colonne, mais le budget me fait assez peur. D’autres part, je dois encore m’absenter assez souvent pendant un long mois à chaque mission terrain, du coup je suis moins rassuré.
Merci!