Un grand nombre de bêtises ont été dites dans ce forum en ce qui concerne le cuivre contre les algues et ses effets sur les poissons d’aquarium.
Le cuivre sous forme d’ion Cu2+ est très efficace et aussi très utilisé pour la lutte contre les algues dans des volumes d’eau qui vont de quelques litres (aquariums) à plusieurs centaines de mètres cubes. Pour que le traitement soit efficace, il faut que le taux de cuivre dans l’eau reste constant. Il faut donc remplacer le cuivre qui s’en va si l’eau est remplacée. À ce sujet, je signale à celui qui prétend que le cuivre risque de s’accumuler se trompe de calcul : si l’eau s’en va, le cuivre qui y est dissout s’en va aussi. En fait, il confond avec l’accumulation du cuivre dans le sol au-dessous des vignes traitées à la
bouillie bordelaise. Dans ce cas, effectivement, l’eau s’en va par évaporation et le cuivre ne s’évapore pas…
À ceux qui croient résoudre le problème en laissant tremper un fil de cuivre dans leur aquarium, je signale que le cuivre n’est pas soluble dans l’eau, et que donc ce procédé ne mène strictement à rien. Si le cuivre était soluble dans l’eau, on verrait les canalisations en cuivre (dans la plupart des maisons) se dissoudre… personne n’a jamais vu ça. Remarquez, on sait aussi très bien que les médicaments homéopathiques ne contiennent que de l’eau (médicaments liquides) ou du glucose (médicaments granulés) mais ça n’empêche pas les médecins d’en préconiser, les pharmaciens d’en vendre, et les malades de se sentir soulagés…
À ceux qui recommandent de ne pas utiliser le cuivre contre les algues parce que le cuivre est très toxique pour les poissons, je signale que celui-ci est universellement employé en pisciculture, le seul problème est qu’il faut surveiller soigneusement sa concentration dans l’eau, car au-dessus d’un seuil très précis, le cuivre devient effectivement toxique pour les poissons. Mais, comme l’a dit Paracelse, c’est la dose qui fait le poison.
Pour ceux qui seraient convaincus de l’efficacité du cuivre, le produit à utiliser est le
sulfate de cuivre pentahydraté qui se présente sous la forme de cristaux bleus solubles dans l’eau. C’est la base de la bouillie bordelaise qui est, au passage, le seul fongicide utilisable en agriculture biologique.
La dose à utiliser dépend de l’
alcalinité de l’eau. L’alcalinité, pour les eaux usuelles, c’est la quantité de carbonate de calcium contenu dans l’eau sous forme dissoute. Elle peut donc se calculer à partir du TH (titre hydrotimétrique). Elle se mesure en ppm (parties par million) ou en milligrammes par litre (c’est le même chiffre puisque la masse volumique de l’eau est à peu près de 1000 kg par mètre cube).
L’alcalinité protège les poissons contre le cuivre, et la toxicité du cuivre augmente lorsque l’alcalinité diminue. En-dessous d’une alcalinité de 50 ppm, il ne faut pas utiliser de cuivre.
Heureusement, la plupart des eaux ont une alcalinité très supérieure à cette valeur limite.
Le
TH (titre hydrotimétrique) se mesure usuellement avec une trousse d’analyse en vente dans les animaleries ou encore chez les fournisseurs d’adoucisseurs d’eau comme Castorama. Le résultat de la mesure se donne en degrés français et correspond à un nombre de gouttes versées dans un volume précis d’eau à analyser pour obtenir le virage (changement de teinte) d’un indicateur coloré. Le TH varie ordinairement de moins de 10 (eau très douce) à 40 (eau très dure) avec des valeurs moyennes de 15 à 30. Un degré français correspond à
1 degré français correspond à 10 mg/l de carbonate de calcium. Pour obtenir l’alcalinité de l’eau, il faut donc multiplier le TH par dix. Par exemple, une dureté (TH) de
24 degrés correspond à une alcalinité de 24 x 10 =
240 mg/l ou ppm.
La règle empirique permettant de fixer la dose convenable de sulfate de cuivre pentahydraté à utiliser consiste à diviser l’alcalinité par 100. Dans notre cas, une alcalinité de 240 nous donne donc une dose de sulfate de cuivre pentahydraté égale à 240 / 100 = 2,4 mg/l ou ppm. Ce chiffre correspond à un poids de 2,4 x 200 =480 mg ou encore
0,48 g pour un aquarium de 200 litres.
Pour ceux qui n’ont qu’une balance de ménage sensible au gramme, il faut opérer par dilutions successives en veillant à bien agiter les solutions.
Référence :
https://edis.ifas.ufl.edu/fa008.
Note 1 : on recommande aussi de ne pas dépasser la dose de 2,5 ppm (ou mg/l)
Note 2 : je suis aquariophile depuis 30 ans et accessoirement ingénieur chimiste (depuis plus longtemps).